Donne-moi sept jours

Un couple de dieux primitifs, à figures d’animaux, fait face au monde qu’ils ont créé.  Un monde parfait. Si parfait, qu’ils s’ennuient. Stimulés par Prom, leur valet énigmatique, ils entreprennent de peupler ce monde de créatures vivantes. La dernière qu’ils inventent est l’être humain. Mais ils n’ont plus pour elle ni plumes, ni griffes, ni vitesse, ni ailes…  Que faire d’une créature nue, gauche et ridicule ? Monsieur dieu voudrait s’en débarrasser, mais Prom le met au défi : - Donne-moi sept jours et je suis sûr que cette créature pourra nous surprendre...  Le pari est relevé.

Le spectacle

Donne-moi 7 Jours célèbre la création et l’imaginaire en recourant à l’un des arts les plus libres et impertinents de la scène : la marionnette.

Sous sa fausse naïveté et son artificialité avérée, la marionnette et la manipulation à vue qu’en exercent nos comédiens touchent le spectateur au cœur de sa capacité créatrice. L’acte de raconter est montré. Le jeu de cette illusion consentie met en scène la création de l’homme et la femme, issus d’un même être, puis séparés par le courroux de Monsieur dieu, en André et Gynette. Deux créatures bancales, grossièrement achevées, fragiles et gauches. Les marionnettes de table ont des articulations magnétiques, permettant leur assemblage – et déglinguage- à vue. 

La métaphore de la table quotidienne est notre scénographie. L’être humain en disgrâce, André et Gynette sont expulsés sous la Table Divine. Ils doivent vivre des miettes que le couple de dieux, marionnettes–masques à l’intérieur desquels se glissent les comédiens, veulent bien laisser tomber. La vie est rude sur terre, des poules pondent des arbres, des tigres léopards sont affamés, et le rapport avec les autres êtres humains, créés par d’autres dieux en d’autres lieux, mène à la discorde lorsque les langues deviennent si différentes qu’on ne se comprend plus.

Et puis, il y a la mort, et le monde mystérieux du dessous, royaume de Hadès, où ondoient des ombres délicieusement inquiétantes. Heureusement, la figure joyeuse de Cerbère, le chien à trois tête gardien des enfers, garde André et Gynette d’y entrer lorsque ce n’est pas encore le moment.

Les sept jours se suivent, au rythme des découvertes humaines, de chansons et des éclaircissements de Prom, le valet énigmatique des dieux, figure malicieusement prométhéenne du spectacle, véritable maître de cérémonie théâtrale.

Pari gagné, au bout des 7 jours, nos deux créatures humaines ont inventé l’art d’inventer. Elles aussi savent maintenant raconter des histoires et se raconter  en se servant de marionnettes.